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« Ce qu'il y a de remarquable avec la traduction, c'est que si je vous demande :

avez-vous lu Dostoïevski ?, vous allez me répondre oui,

mais si je vous demande le nom du traducteur, vous serez aussi embêté que moi, et vous vous demanderez si, en fait, vous avez lu Dostoïevski. »

(Michel Garneau, poète, dramaturge, musicien et comédien québécois, traducteur de Shakespeare)

Voici 9 traductrices et de traducteurs qui gagnent à être connus. Certains se sont lancés dans de véritables exploits en traduisant une oeuvre complète parfois dans des délais très courts sous la pression des lecteurs :

Jean-François Ménard, 69 ans, écrivain français, est plus connu comme le traducteur français de la série Harry Potter depuis 1998, mais il a traduit d'autres textes de littérature jeunesse, comme Le Bon Gros Géant de Roald Dahl. Cet homme de l'ombre a participé au plus grand succès littéraire de ces dernières années et continue d'écrire ses propres romans. Né à Paris, il a étudié la philosophie avant de travailler comme assistant pour plusieurs réalisateurs de cinéma, il est passionné de voitures anciennes et de gastronomie.




André Markowicz, 57 ans, s'est fait connaître par la nouvelle traduction qu'il a donnée des œuvres complètes de l’auteur russe

Dostoïevski, entreprise en 1991 et terminée en 2002, avec la traduction des Frères Karamazov. Il a décidé de retraduire tout Dostoïevski pour rendre à l'écrivain sa véhémence.






Dans le monde, quelques écrivains très connus sont des traducteurs méconnus :

Histoires extraordinaires est un recueil de nouvelles de l’Américain Edgar Allan Poe, traduites et réunies sous ce titre par Charles Baudelaire en 1856.

André Gide a fait découvrir aux Français le romancier polonais de langue anglaise Joseph Conrad, en traduisant son livre Typhon.

Amoureux de la culture américaine, Boris Vian n'est pas uniquement l'auteur de romans et le musicien de jazz. Il a également traduit en français divers romans noirs et romans de science-fiction américains notamment Le Grand Sommeil et La Dame du lac (avec Michelle Vian) de Raymond Chandler, parus en Série noire.

L’écrivain japonais contemporain Haruki Murakami a déclaré après avoir traduit l'Américain Raymond Carver : « S’il n'avait pas existé, ou si je n'avais jamais rencontré son travail, les livres que j'écris - particulièrement les nouvelles - auraient très probablement une forme très différente ». Il a traduit des romans d'une vingtaine d'auteurs de genres divers comme Raymond Chandler, Scott Fitzgerald, John Irving et J.D. Salinger.

L'Italien Umberto Eco fut le traducteur du français en italien de Sylvie de Gérard de Nerval et de Raymond Queneau, Exercices de style.

Et les femmes ? Vous avez peut-être déjà lu du Andrea H. JAPP.

Sous ce pseudonyme, une scientifique née en 1957 a publié de nombreux romans policiers. Mais elle est aussi la traductrice en français de Patricia Cornwell et de sa série de romans mettant en scène le personnage de Kay Scarpetta.

De 1995 à 2004, ces traductions ont été publiées sous un premier nom de plume "Hélène Narbonne". Depuis 2005, elles le sont sous le nom d'« Andrea H. Japp ». Les éditions des Deux Terres, nouvel éditeur français de la romancière américaine, lui ont demandé de réaliser de nouvelles traductions des cinq premiers romans de P. Cornwell, initialement adaptés par G.Berton pour les quatre premiers et par D.Dupont-Vieu pour le cinquième.

Selon A. Japp, les Éditions du Masque auraient estimé que, par sa formation scientifique, son aisance dans le domaine littéraire et sa bonne connaissance de la langue anglaise (elle a séjourné assez longtemps aux États-Unis), elle était compétente pour rapporter en français les « procédés et méthodologies scientifiques assez haut de gamme » utilisées par Patricia Cornwell dans ses œuvres.

Andrea H.Japp

Pour sa première traduction en 2011, la romancière à succès Anna Gavalda, 46 ans, a jeté son dévolu sur un roman de John Williams, Stoner, paru en 1965. C'est de l'envie de partager avec ses concitoyens un livre qu'elle a adoré qu'est née dans l'esprit de la romancière cette idée d'en faire une «libre traduction ». Sur le site de la maison Le dilettante, elle parle du livre (récit de la vie banale d'un professeur d'université américaine transfiguré par l'amour de la littérature) et du travail de traduction :

« J'ai demandé à mon éditeur d'en acquérir les droits,

précise-t-elle dans sa présentation.

J'ai vaguement cherché un traducteur patenté et ai fini par m'avouer ce que je savais déjà, à savoir que William Stoner, c'était moi, et que c'était à moi de m'y coller.

Pour le meilleur, pour ce « vertige de l’orpailleur » évoqué dans le chapitre IX – expression qui n’est pas dans le texte original et que je me sais gré d’avoir inventée – ceux qui liront jugeront,

et pour le pire : des heures et des heures passées arc-boutée sur un bout de phrase que je comprenais, que je « voyais » mentalement, mais qu’il m’était impossible de traduire…

Pourquoi tant d’enthousiasme et tant de peines ? Je ne sais pas. »

Critique de Daniel Garcia, avant-critiques, Livres-Hebdo, 10 juin 2011 : « Excellente traduction de Gavalda dont la plume s’est parfaitement pliée à cette atmosphère de stoïcisme mutique qui baigne le livre.»

Sources :

Photo Andrea Japp : © Jean-Luc Vallet

fr.wikipedia.org/wiki/Andrea_H._Japp

www.seuil.com

Le Figaro - Article "Ils sont aussi traducteurs"

www.atlf.org/traducteurs-en-couverture-litterature-arabe/

www.lepoint.fr/pop-culture/livres/legende-en-anglais-harry-potter-decrypte-par-son-traducteur-26-10-2017-2167477_2945.php

le dilettante (A.Gavalda)

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